Des études récentes [4] montrent l’interaction entre les émotions et les phénomènes de mémorisation. Les émotions pourraient-elles être un vecteur permettant d’inscrire dans le cerveau des informations orientées ? Dans ce contexte, Maddock a réalisé en 2003 une étude particulièrement intéressante « Posterior cingulate cortex activation by emotional words: fMRI evidence from a valence decision task. Human Brain Mapping » dont on trouvera en annexe les références
Dans cette étude, l'imagerie par résonance magnétique fonctionnel montre que les stimuli émotionnels activent le cortex cingulaire postérieur, une région qui semble impliquée dans les processus mémoriels. L’étude a examiné comment les mots à charge émotionnelle ont activé le cortex cingulaire postérieur. 64 mots agréables et 64 mots déplaisants ont été associés avec des mots neutres aux caractéristiques non émotionnelles reconnues pour influencer la mémoire. Le cortex cingulaire postérieur était activé bilatéralement de façon importante aussi bien avec les mots agréables que déplaisants mais non avec les mots neutres. Le pic le plus important d’activation (aussi bien les mots plaisants que ceux désagréables) a été observé dans le cortex cingulaire subgenual. Les cortex fronto médians, inférieur gauche et orbito antéromedian ont aussi été activés de la même façon. L’amygdale droite et le cortex auditoire ont été activés par les mots déplaisants seulement alors que le pole frontal gauche était activé uniquement par les mots agréables. Ces observations sont compatibles avec la proposition selon laquelle le cortex cingulaire postérieur peut arbitrer entre les interactions émotionnelles et les processus de mémorisation.
L’expérience a été faite ici avec des mots. Mais lorsqu’il s’agit d’un vécu si fort qu’il imprime de façon presque indélébile le cerveau, c’est alors le PTDS (Post Traumatic Disoder Syndrom) qui guète le cobaye. Une étude récente menée sur les vétérans des guerres d’Afghanistan et d’Irak permet aussi de mettre en évidence les zones du cerveau qui sont sollicitées dans le cadre de cette pathologie [5]. C’est un peu comme si le cerveau, sous l’impulsion d’une poussée émotionnelle ingérable liée à de terribles évènements « pétait un câble » et imprimait cette situation de façon permanente dans la mémoire.
Je cite :
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est la dénomination récente d'un ensemble de symptômes observés et étudiés depuis le début du siècle sous différents vocables. En effet, Oppenheim, en 1889, crée le terme "névrose traumatique" afin de désigner la symptomatologie démontrée par des accidentés de chemin de fer. À la même époque, Charcot remarque des symptômes similaires chez ses patientes de la Salpetrière et se consacre, ainsi que Freud et Janet, à l'étude de cette "névrose hystérique".
L'étude de l'hystérie et de sa genèse par Freud et Charcot avait entamée le questionnement sur le rôle des traumatismes dans la genèse des troubles mentaux. Par la suite, c'est surtout par le biais des études de psychiatrie militaire lors des première et deuxième guerres mondiales, que l'étude des névroses traumatiques s'est maintenue. C'est ensuite par le biais des études de psychiatrie militaire concernant le "choc des tranchées" ("shell shock"), la "névrose de guerre" et la "traumatophobie" lors des première et deuxième guerres mondiales, que l'étude des névroses traumatiques s'est poursuivie.
Les séquelles psychologiques graves démontrées dans les années 1970 par les vétérans de la guerre du Vietnam ont provoqué un regain d'intérêt pour la pathologie traumatique. En 1974, Burgess et Holmstrom publient un article sur le "rape trauma syndrome" identifiant les séquelles psychologiques et somatiques d'un autre traumatisme jusqu'alors peu évalué: l'agression sexuelle.
Le Trouble de Stress Post-Traumatique découle de l'exposition à un événement traumatique qui provoque chez l'individu de la peur, de la détresse ou de l'horreur. Ce trouble se manifeste par une réexpérience persistante de l'événement traumatique (souvenirs répétitifs et envahissants de l'événement incluant des images, pensées, perceptions), des comportements d'évitement des stimuli associés au traumatisme ( intense détresse psychologique lors de l'exposition à des stimuli internes ou externes ressemblant à un aspect du traumatisme ou symbolisant celui-ci; . impression ou agissement soudain comme si l'événement traumatique se reproduisait incapacité de se rappeler d'un aspect important du traumatisme), un émoussement de la réactivité générale (réduction nette de l'intérêt ou de la participation pour des activités de valeur significative sentiment de détachement ou de devenir étranger par rapport aux autres) et un état d'hyperactivité neurovégétative ( irritabilité ou accès de colère, difficultés de concentration, hyper vigilance).
Je rapprocherai ces conclusions des expériences menées sur le contrôle mental et le dédoublement de personnalité, notamment le célèbre programme MKultra.[6]
Enfin, vu ce que l’on est capable de faire avec 128 mots, ne serait-il pas pertinent de mener ce genre d’expérience avec les lettres ummites et vérifier en temps réel les zones du cerveau activées. Je reste convaincu que cela représente une voie de recherche pertinente qui ferait sortir ce dossier des marécages où il est aujourd’hui condamné.
[4] Posterior cingulate cortex activation by emotional words: fMRI evidence from a valence decision task. Human Brain Mapping
http://hendrix.imm.dtu.dk/services/jerne/brede/WOBIB_39.html
http://hendrix.imm.dtu.dk/services/jerne/brede/WOEXP_132.html
Functional imaging studies consistently find that emotional stimuli activate the posterior cingulate cortex, a region that appears to have memory-related functions. However, prior imaging studies have not controlled for non-emotional stimulus features that might activate this region by engaging memory processes unrelated to emotion. This study examined whether emotional words activated the posterior cingulate cortex when these potentially confounding factors were controlled. Sixty-four pleasant and 64 unpleasant words were matched with neutral words on non-emotional features known to influence memory. Eight subjects underwent block-designed functional magnetic resonance imaging scans while evaluating the valence of these words. The posterior cingulate cortex was significantly activated bilaterally during both unpleasant and pleasant compared to neutral words. The strongest activation peak with both unpleasant and pleasant words was observed in the left subgenual cingulate cortex. Anteromedial orbital and left inferior and middle frontal cortices were also activated by both pleasant and unpleasant words. Right amygdala and auditory cortex were activated only by unpleasant words, while left frontal pole was activated only by pleasant words. The results show that activation of the posterior cingulate cortex by emotional stimuli cannot be attributed to the memory-enhancing effects of non-emotional stimulus features. The findings are consistent with the suggestion that this region may mediate interactions of emotional and memory-related processes. The results also extend prior findings that evaluating emotional words consistently activates the subgenual cingulate cortex, and suggest a means of probing this region in patients with mood disorders. Hum. Brain Mapping 18:30-41, 2003.
[5] Cognitive and Affective Processing in PTSD
http://www.biac.duke.edu/research/highlights/highlight007.asp
Veterans who recently returned from Iraq and Afghanistan underwent functional MR imaging while concurrently exposed to a symptom provocation task, involving alterations between emotional combat-related and neutral civilian scenes, interleaved with an executive processing task. Activation for emotional compared to neutral stimuli was highly correlated with level of PTSD symptoms in ventral frontolimbic regions, notably the ventromedial prefrontal cortex, inferior frontal gyrus, and ventral anterior cingulate gyrus. Conversely, activation for the executive task was negatively correlated with PTSD symptoms in the dorsal executive network, notably the middle frontal gyrus, dorsal anterior cingulate gyrus, and inferior parietal lobule. Our work suggests a strong link between the subjectively-assessed behavioral phenomenology of PTSD and objective neurobiological markers. These findings extend the largely symptom provocation-based functional neuroanatomy of PTSD to provide evidence that interrelated executive and emotional processing systems of the brain are differentially affected by PTSD symptomatology in recently deployed war veterans.
Position du problème: L'Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) est une psychopathologie anxieuse, sévère et durable qui peut survenir à la suite de catastrophes naturelles.
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=874504
Objectif: Deux principales questions ont été posées: (1) Quelles caractéristiques des abus sexuels ont un lien avec le syndrome de stress post traumatique (PTSD), la gravité de la dépression et de la dissociation chez des adultes ayant été victimes (survivors) d'abus sexuels dans l'enfance. (2) Quelles sont les caractéristiques des abus qui influencent la gravité de la dissociation pendant que ceux-ci sont subis. Méthode: On a fait l'évaluation des symptômes courants du PTSD, de la dépression et de la dissociation chez 89 femmes victimes, à l'aide de mesures standardisées. De plus, les caractéristiques des abus (par exemple, l'âge au début, la dissociation au moment du traumatisme) ont été évaluées à l'aide d'un entretien structuré. Résultats: L'analyse des corrélations montre que la dissociation au moment du traumatisme (peritraumatic) était fortement en relation avec la gravité des trois types de symptômes à la fois. Des analyses de corrélation additionnelles ultérieures ont révélé que les femmes qui avaient subi la pénétration pénienne, pensaient que quelqu'un ou quelque chose d'autre serait tué et que celles qui avaient pu être également blessées lors des abus avaient manifesté plus de symptômes à ce moment-là. Des analyses de régression ont montré que cette dissociation était la seule variable pouvant prédire de façon significative la gravité d'un symptôme à partir du type de symptôme ou de trouble. De plus, différentes caractéristiques des abus pouvaient prédire la gravité des symptômes chez l'adulte et la dissociation concomitante. Conclusions: La relation établie entre la dissociation au moment du traumatisme et la symptomatologie chez l'adulte fut intéressante au plus haut point et comporte deux implications cliniques: (1) enseigner des stratégies de combat à certaines victimes d'abus sexuels dans l'espoir de contenir les symptômes de dissociation suivant immédiatement l'abus et (2) inclure des interventions basées sur la révélation dans le traitement de certaines victimes d'abus sexuels lorsque c'est indiqué.
Les gens qui ont été exposés aux expériences traumatiques peuvent noter tout nombre de symptômes dans presque n'importe quelle combinaison. Les gens répondent dans différentes manières au trauma extrême. Cependant, pour ceux qui, les symptômes de PTSD apparaissent habituellement dans plusieurs semaines du trauma, mais certains n'éprouvent pas des symptômes jusqu'aux mois ou même aux ans après.
[6] MK Ultra. List of MKULTRA Unclassified Documents
http://www.nemasys.com/rahome/library/programming/mkultra.shtml