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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 20:00
Prendre le mal à la racine? Une cible de choix pour les armes spirituelles.
Prendre le mal à la racine? Une cible de choix pour les armes spirituelles.

Prendre le mal à la racine? Une cible de choix pour les armes spirituelles.

Dans l’indifférence générale, des informations atroces circulent dans les médias de nos sociétés « évoluées », où la barbarie et l’innommable s’installent dans le quotidien, dans une sorte de nazification consumériste de l’étant où la publicité pour la dernière production de la bouffe industrielle ou du dernier portable à la mode côtoie l’indicible horreur de migrants en décomposition dans un camion sur le bord d’une autoroute. Ce qui aurait indigné et provoqué hier « un plus jamais cela » se résume tout au plus à un sentiment de rejet fugace lorsqu’il n’est pas accompagné d’un constant froid, « rationnel » et sans humanité : « Ils auraient dû rester chez eux ». Alors que l’on passe notre temps à commémorer les horreurs du passé, comment peut-on être aussi aveugles devant l’inhumanité du présent ? Les bateaux et les camions ont remplacé les trains de la mort dans d’une organisation du monde qui nous conduit au néant. Aujourd’hui, c’est l’autre qui prend ces chemins du vide[0], mais demain ? Quelques enfants de salaud, pas bien différents des bourreaux de l’histoire appliquent les règles du commerce mafieux pour s’enrichir et entasser la monnaie sans état âme aucun dans leurs forfaits.

Ces chemins qui ne mènent nulle part, « Holzwege »[1] empruntés par les migrants en détresse qui en sont réduits à jouer leur vie à la roulette russe du bon vouloir de leurs bourreaux nous disent quelques choses de l’inhumanité que ce monde du « progrès » inscrit dans notre quotidienneté et des temps difficiles qui se profilent à l’horizon.

Quelque chose a changé dans la façon dont la planète est « gérée » si tant est que l’on puisse parler de gestion dans le « bordel actuel » où la soif de matières premières et la volonté de domination plongent des pays dans l’abomination, dans les guerres au dimension géopolitique travesties en conflit de civilisation ou de religion. Les mêmes qui s’interrogent sur ces flux déstabilisants de barbarie sont ceux qui, par leur passivité, en laissant les psychopathes agir et parler, sont à l’origine de ce merdier. Et à l’heure d’internet et de la communication, pourquoi s’étonner que des êtres humains désespérés mais connectés soient près à quitter leurs contrées, leurs racines où la seule perspective d’avenir est le trépas alors même que l’herbe semble plus verte ailleurs et que face à cet horizon du néant, ils perçoivent l’espoir d’un autre présent, celui du vivre !

Cette divine comédie [2] commence par « l’Enfer » et il faut trouver son chemin dans cette sylve obscure, cette forêt sauvage, âpre et forte qui renouvelle la peur dans le présent ! Ce rite du passage de l’orient à l’occident empruntant la barque de Charon dans le désespoir des âmes, pensant trouver refuge dans le matériel sur l’autre rive n’inspire rien de bon. Il est plutôt le signe d’une décomposition, de morts culturelles de civilisations qui s’étiolent, d’une paix blanche [3] qui annonce une nuit noire se rependant sur la planète.

Faut-il un regard perçant pour discerner dans les brumes du demain ces chemins du vide que nous empruntons ? Où plutôt ce regard persan, contre partie imaginale de notre être au monde pour prendre de la hauteur tel l’Archange empourpré[4] et éviter les rets que ce néant nous tend? Dans ce chemin ou cette impasse que nous empruntons, c’est à la langue de la pensée que nous devrions nous remettre, j’entends ici la Logique, non celle d’Aristote et de son mécanisme du tiers exclus dont la domination actuelle et les méfaits se mesurent aujourd’hui par le nombre d’exclus qui hantent la planète, mais plutôt cette tétralogique nous permettant de naviguer parmi les quatre réalités de ce cosmos, l’univers matériel, l’univers intermédiaire imaginal entre mondes des intermondes, l’univers intellectif (pure virtualité) et le néant (contraposé des trois précédents). Cette pensée qui auto crée sa propre langue est conjointe à une conscience, la conscience imaginale qui "spiritualise le corporel et corporalise le spirituel" (cf Henry Corbin) nous donnant par la même un accès à une région et à une réalité de notre être individuel et collectif jusque là inaccessible et comme un phare, elle guide nos pas sur le chemin de l’évolution, non pas en nous conduisant dans l’impasse des projections matérielles tératologiques mais bien plutôt en éclairant les sentiers numineux pour passer les ponts lumineux de Cinvat de l’évolution. Demain est un autre jour et il nous appartient aujourd’hui, dans l’expression de notre libre arbitre, même s’il est infime, d’être conscient, de rendre cet autre jour plus humain en refusant l’abomination que l’on nous sert comme norme sans raison. Dans une philosophie de la connaissance renouvelée à travers une nouvelle langue de la pensée (logique) et en faisant appel à notre conscience imaginale, c’est notre propre être-là du monde individuel et collectif que nous revisiterons. C’est en dessinant les signes et les relations entre les accidents sensibles de ce monde en les inscrivant dans une perspective cosmique que nous anticiperons les champs de la mort, les impasses du néant pour mieux les éviter et que nous conduirons l’humanité vers l’inconnu de notre devenir dans une éthique symbiotique respectueuse du principe de vie. L’Autre est au bout du chemin.

 

[0] Les chemins du vide, Robert Jaulin. Voir en particulier le chapitre « La monnaie-L’ailleurs-Etc. »

 

[1] A propos de nazification, il peut paraître paradoxal de citer Heidegger. Bien au contraire, c’est justement dans cette riche pensée que se trouvent les armes pour lutter contre le néant. « Chemins qui ne mènent nulle part » Martin Heidegger- 1947.

 

[2] La divine comédie, Dante Alighieri : Chant 1, Préambule.

 

[3] La paix blanche, introduction à l’ethnocide. Robert Jaulin. Il semble que depuis quelques temps nous ayons maintenant basculé dans le « planétocide ».

 

[4] L’archange empourpré de Shihaboddin-Yahya Sohravardi . Traduction et texte Henry Corbin.

 

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