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26 mai 2017 5 26 /05 /mai /2017 07:03
Merci à Trutherbotred

Merci à Trutherbotred

Comme l’on dit et pan sur le bec des tenants de la Terre rare. Voici une publication qui met en lumière une question intéressante de philosophie cosmique qui est la suivante :

« Pourquoi nous trouvons nous en train d’orbiter autour d’une étoile comme le soleil maintenant plutôt qu’autour d’une étoile de plus faible masse dans le futur?  Le support de ce raisonnement est englobé dans le principe anthropique qui suppose que l’univers doit être compatible avec notre position d’observateurs conscients. Parce que nous nous trouvons autour d’une étoile de type spectral G et même si nous prédisons que les étoiles naines de types spectraux K et M sont plus nombreuses, cela signifie-t-il que nous devrions conclure que nous sommes quelque part des observateurs privilégiés qui existent à une période et un temps improbable ? Une telle affirmation extraordinaire suggérerait que l’émergence d’observateurs conscients sur la Terre fut un hasard statistique extrême ou alors que notre compréhension des environnements habitables est significativement erronée.

Pour rappel, la fréquence de planètes telluriques autour d’étoiles de type M dans la zone habitable est de 20 %, similaire aux 22 % pour les étoiles de type G ou K-naines(Petigura et al.2013) mais en contrepartie les étoiles de type M-naines sont les plus nombreuses de la galaxie et représentent près de 75 % de la population stellaire de la séquence principale galactique à comparer au 7% pour les étoiles de type G ! De plus les étoiles plus petites ont une durée de vie sur la séquence principale et des durées de vie globale qui sont au moins 10 fois plus importantes que celle de notre soleil ! Les recherches au sol ont trouvé récemment une planète de masse terrestre dans la zone habitable de l’étoile naine de type spectral M Proxima Centauri qui est aussi notre plus proche voisine (Anglada-Escudé et al.2017), ainsi que 3 planètes de masse terrestre dans la zone habitable de l’étoile naine de type spectral M TRAPPIST-1 qui est à environ 40 années-lumière de nous (Gillon et al.2017). Ces observations suggèrent toutes la possibilité que les planètes habitables sont plus nombreuses autour des étoiles de type spectral M.

https://arxiv.org/pdf/1705.07813.pdf

Why do we find ourselves around a yellow star instead of a red star?

Jacob Haqq-Misra1,2,*, Ravi Kumar Kopparpu1,2,3,4, and Eric T. Wolf5

Merci à Starchild.

Merci à Starchild.

2 Le raisonnement anthropique :

Il s’agit d’un raisonnement qui part du principe que nos observations de l’univers doivent être compatibles avec notre existence en tant qu’êtres vivants conscients. Un des précurseurs du principe anthropique est le principe de Copernic ou autrement dit le principe de médiocrité qui a été utilisé pour combattre le géocentrisme en faveur de l’héliocentrisme. Une des formes les plus précises du principe anthropique s’appelle le SSA pour Self-Sampling Assumption ou en français l’hypothèse de l’échantillonnage automatique qui se résume à ce que l’on devrait raisonner comme si nous étions un échantillon pris au hasard dans l’ensemble de tous les observateurs appartenant à une classe de référence (notez au passage l’influence sociologique et statistique de cette dernière approche).

Prémisse P1 : Notre existence en tant qu’observateurs autour d’une étoile naine de type G devrait être considérée comme un échantillon aléatoire de l’ensemble de tous les observateurs dans des systèmes nains G, K ou M

3 La classe de référence :

Les définitions opérationnelles de la classe de référence sont communément utilisées dans la recherche pour l’intelligence extraterrestre (SETI), où seulement les civilisations qui ont la capacité à utiliser des transmetteurs radio ont un espoir de communiquer.

Les auteurs définissent dans le cadre de ce travail une définition opérationnelle élargie de la classe de référence qui est basée sur la connaissance plutôt que sur la technologie et aboutissent à la prémisse P2 :

« Les autres observateurs sont de la même classe de référence opérationnelle que nous s’ils possèdent la capacité cognitive de comprendre de façon significative l’information savante moderne. »

Cette définition permet d’inclure des humains aussi bien que des extraterrestres mais exclut les rochers, les plantes, les girafes et d’autres organismes qui manquent de capacités comparables en tant qu’observateurs conscients.

4 Une analyse à partir d’une inférence Bayésienne.

Les auteurs approchent cette question dans le cadre d’une inférence Bayésienne et applique une analyse Bayésienne formelle au problème des planètes habitées pour estimer la probabilité de nous trouver sur une planète orbitant autour d’une étoile naine de type spectral G plutôt qu’une étoile naine de type spectral M. Pour cela les auteurs définissent les déclarations suivantes :

Hypothèse L = « Une planète est habitée par la vie consciente (les observateurs) »

Preuve G= « La planète orbite autour d’une étoile naine de type G ».

Preuve K = « La planète orbite autour d’une étoile naine de type K ».

Preuve M = « La planète orbite autour d’une étoile naine de type M ».

En utilisant ces 4 éléments, le but des auteurs est de déterminer les probabilités

P(L|G) =  « La probabilité qu’une planète soit  habitée par des observateurs alors qu’elle orbite autour d’une étoile naine de type G »

P(L|K) =  « La probabilité qu’une planète soit  habitée par des observateurs alors qu’elle orbite autour d’une étoile naine de type K »

P(L|M) =  « La probabilité qu’une planète soit  habitée par des observateurs alors qu’elle orbite autour d’une étoile naine de type M »

Pour déterminer ces probabilités postérieures, les auteurs doivent calculer ou estimer les probabilités qui indiquent la compatibilité de leurs preuves avec leurs hypothèses et qui sont exprimées par

P(G|L) = « La probabilité qu’une planète orbite autour d’une étoile naine de type G alors qu’elle est habitée par des observateurs »

P(K|L) = « La probabilité qu’une planète orbite autour d’une étoile naine de type K alors qu’elle est habitée par des observateurs »

P(M|L) = « La probabilité qu’une planète orbite autour d’une étoile naine de type M alors qu’elle est habitée par des observateurs »

Et comme P(L|G) = P(L)*P(G|L)/P(G) où P(L) est la probabilité que des observateurs conscients habitent une planète connue comme probabilité préalable et P(G) est la fraction d’étoiles naines G dans la galaxie (connue comme une preuve modèle), on peut exprimer P(G)= Ng/N* où Ng désigne le nombre total d’étoiles naines de type G et N* le nombre total des étoiles dans la galaxie, tous les types spectraux confondus.

Et P(L) = Nc/N* où Nc est le nombre total des civilisations communicantes exprimé à partir de la formule de Drake.

P(L|G) = Nc*P(G|L)/Ng et de même pour les autres

P(L|K) = Nc*P(K|L)/Nk

P(L|M) = Nc*P(M|L)/Nm

D’où l’on peut tirer les ratios :

P(L|K)/P(L|G)= Ng*P(K|L)/Nk*P(G|L)  (7)

P(L|M)/P(L|G)= Ng*P(M|L)/Nm*P(G|L) (8)

L’équation 7 nous fournit l’expression du rapport des probabilités qui favorisent les êtres conscients s’observant orbitant autour d’une étoile naine de type K comparé à une étoile naine de type G et l’équation 8 idem mais pour une étoile naine de type M. Notez au passage que ces ratios font disparaître le terme de l’équation de Drake Nc et donc que les résultats ne demandent pas de connaissance explicite de l’abondance de la vie intelligente dans la galaxie !

Merci à Starchild.

Merci à Starchild.

5 La distribution spatiale des observateurs.

Les auteurs partent du principe que seules les étoiles naines G, K et M peuvent abriter la vie intelligente consciente ce qui leurs permet d’examiner 3 scénarios pour les planètes dans la zone habitable :

-Une population stellaire modeste (les naines G).

-Une population stellaire plus importante (les naines K).

-Une grande population stellaire avec une rotation synchrone attendue (les naines M).

Et les auteurs considèrent qu’une planète est habitable si elle est capable de maintenir de l’eau liquide à sa surface pendant une longue période pour permettre l’évolution de la vie et si elle est rocheuse (planète tellurique). Notez au passage que les auteurs ont exclu les exo lunes dans cette approche, exo lunes susceptibles d’être en dehors des zones habitables des étoiles mais cependant capables elles aussi d’abriter la vie.

5.1 Nous sommes un hasard statistique à l’heure actuelle !

Conclusion C1 : Notre existence autour d’une étoile de type G à l’ère actuelle est attendue avec une probabilité de 90 % plus faible que celle d’exister autour d’une étoile de type M aujourd’hui.

 

5.2 Les observateurs sont moins nombreux sur les planètes orbitant autour d’étoiles de type M actuellement.

Conclusion C2 : Si les étoiles naines de type M sont des hôtes moins hospitaliers comme planètes habitables, alors notre existence autour d’une étoile de type G à l’ère actuelle doit être attendue, avec une probabilité pratiquement moitié moindre d’exister autour d’une étoile naine de type K aujourd’hui.

Notez ici qu’il y a comme une sorte de tour de passe-passe pour arriver à cette conclusion C2 qui est une conclusion conditionnée (et les auteurs en sont conscients) par le fait que les étoiles de type M seraient moins hospitalières que les autres pour les raisons évoquées mais qui sont aussi toutes réfutées… Il s’agit donc plus d’un apriori ou d’un lemme qui permet de retomber sur ses pattes car d’une certaine façon « l’éléphant est dans le magasin de porcelaine » et qu’il faut préserver autant que se peut le statu quo. La science dira ce qu’il en est vraiment, ce qui devrait inciter toutes les personnes intéressées par ces sujets à se pencher sur les questions d’astrobiologie et notamment de modélisation des atmosphères des planètes tournant autour d’étoile de type M et en particulier de tenir compte de l’aspect « électromagnétique » dans ces études avec notamment les questions des magnétosphères et de l’équivalent des ceintures de Van Allen pour ces astres. Curieusement on retombe sur les fameux courriers ummites qui font justement référence à de tels phénomènes…

Je me permets d’insister sur ce point car j’avais eu il y a quelque temps maille à partir avec un de ces champions de la rationalité rationalisante convaincus dont émanait un torrent de certitudes… « lhommealacigarette » ou quelque chose comme cela (vous trouverez les échanges ici) 

https://www.youtube.com/watch?v=k_-6SEb2QlM&feature=youtu.be

qui faisait justement de cette histoire de rotation synchrone des planètes qui tournent autour des étoiles de type M un argument massue pour justifier que ces planètes étaient inhabitables (cf. travaux de Dole de 1964 !). Eh bien au moins ici, on a l’honnêteté de balayer toutes ces questions, c’est en page 8, en faisant référence à des travaux bien plus récents Haberle et al. (1996) (Joshi 2003; Merlis and Schneider 2010; Edson et al. 2011, 2012; Carone et al. 2014; Yang et al. 2013, 2014; Kopparapu et al. 2016) et tout ce que l’on peut en conclure c’est que justement ces planètes gardent toutes leurs chances dans la course à la découverte de la vie extraterrestre même si pour la conclusion 2 on fait l’hypothèse inverse, ce qui est tout de même troublant!

6 La distribution temporelle des observateurs.

6.1 Nous sommes un hasard statistique de tout temps.

Les auteurs considèrent les durées de vie typiques pour chacune des classes spectrales d’étoiles, 10 milliards d’années pour les étoiles de type G, 100 milliards d’années pour les étoiles de type K et 1000 milliards pour les étoiles de type M !

Conclusion 3 : Notre existence autour d’une étoile naine de type G est improbable, avec une probabilité plus d’une centaine de fois plus grande d’exister autour d’une étoile naine M dans le futur.

6.2 Les observateurs sont peu probables sur les planètes orbitant autour des étoiles naines M de tout temps.

Nous nous trouvons dans un environnement stellaire inférieur à la moyenne, mais pas tout à fait improbable.

Encore une fois, sans vraiment de justification, les auteurs envisagent une situation où les planètes de ces systèmes (naines de type M) ne pourraient pas accueillir la vie. Cela permet d’établir la conclusion numéro 4 qui est tout de même moins perturbante que la précédente…

Conclusion 4 : Si les étoiles naines de type M sont des hôtes moins hospitaliers comme planètes habitables, alors notre existence autour d’une étoile naine de type G est un hasard statistique faible, avec quatre fois moins de probabilité d’exister autour d’une étoile naine de type K dans le futur.

 

Merci à Starchild.

Merci à Starchild.

7 Discussions :

Je me suis permise de traduire dans son intégralité la partie discussion qui me semblait receler quelques idées intéressantes (on peut ne pas être d’accord) :

 

« Si l’analyse avait montré un beaucoup plus grand nombre, tel qu’ une chance sur 1022 de nous trouver autour d’une étoile naine de type G, alors bien entendu nous aurions dû soit rejeter nos probabilités ou notre raisonnement anthropique, car essentiellement nous ne nous attendrions pas à observer un événement qui se produit une fois en 1022 fois. Mais ce n’est pas ce que nous avons trouvé, aussi nous ne devons pas être préoccupés de nous trouver dans un environnement cosmique moins typique. Ainsi nous pouvons inverser la question du titre de cet article en : « Nous nous trouvons orbitant autour d’une étoile naine de type G car nous sommes en quelque sorte une anomalie statistique, mais un type d’anomalie que nous observons régulièrement. »

Ceci laisse encore ouvert le degré d’atypicité que nous réclamons. Comprendre l’habitabilité des planètes autour des naines M est un point critique pour résoudre cette ambiguïté. Si les planètes des étoiles naines M sont des candidates peu propices à la vie, alors le futur lointain dans 10 000 milliards années peut-être un pire moment pour l’émergence d’observateurs conscients dans notre classe de référence qu’aujourd’hui. Les théoriciens ont identifié plusieurs problèmes possibles qui pourraient empêcher le développement de la vie sur les planètes des étoiles naines M, bien que d’autres ont suggéré des solutions plausibles qui pourraient encore maintenir les conditions habitables. Une interprétation de cet état des choses est que les modèles de climat contiennent trop d’hypothèses terrestres, et que les problèmes d’habitabilité autour d’une naine M ont tendance à disparaître lorsque nous développons des outils plus robustes pour simuler une plage plus grande d’atmosphères planétaires. Une autre interprétation est  que notre connaissance des systèmes planétaires est suffisamment fonctionnelle pour pouvoir affirmer avec confiance que les systèmes autour des naines de type M sont des environnements peu propices à la vie contrairement aux systèmes autour des naines de type G. La résolution observationnelle de ce dilemme sera difficile et ne peut seulement être possible que lorsque les mesures spectroscopiques des atmosphères des planètes autour des naines de type M seront possibles  avec la nouvelle génération des télescopes spatiaux.

En attendant les observations complémentaires, ce que l’on peut faire de mieux est de faire appel au SSA(Self-Sampling Assumption) et d’affirmer que notre statut actuel en tant qu’observateurs conscients peut aussi bien être sélectionné au hasard dans l’ensemble total des observateurs dans notre classe de référence (à travers notre passé entier, notre présent, et notre futur de l’univers). Nous nous trouvons autour d’une étoile naine de type G à un moment précoce de l’état de l’univers, qui selon C3 est défavorable par un facteur proche de 100 à notre existence autour d’une étoile naine de type M. Bien qu’affirmer que notre existence avec un hasard statistique de 1 sur 100 demeure dans le domaine des possibilités, est ce qu’une telle conclusion est philosophiquement satisfaisante ? Ou devrions nous prendre ceci comme une indication que nos intuitions physiques à propos de l’habitabilité autour des naines M peuvent aussi être correctes ? Peut-être nos attentes combinées de la théorie de l’habitabilité planétaire et du raisonnement anthropique avec SSA nous amènent à la conclusion C4 que les planètes autour des naines de type M sont vraiment des lieux difficiles pour la vie.

Une autre perspective à ce problème provient de l’argument de la fin des temps (Carter et Mc Crea 1983 ; Gott 1993 ;Bostrom 2002), qui considère la longévité de notre classe de référence actuelle en tant qu’observateurs. De façon succincte, l’argument de la fin des temps suppose que si les humains sont nés au hasard, nous devrions faire l’hypothèse à partir de SSA d’être séquentiellement quelque part proche du milieu de la distribution de population. Lorsque nous le couplons avec notre croissance exponentielle rapide de la population, ceci suggère que nous atteindrons le nombre total d’humains prévu assez tôt dans le futur. Ainsi fonctionne l’argument, la fin des temps (d’une sorte ou d’une autre) devient plus probable lorsque l’on considère leur rang de naissance (c’est à dire, sélectionné au hasard comme avec SSA). Si l’argument de la fin des temps est correct, alors la civilisation humaine comme nous la connaissons est beaucoup plus proche de sa fin que de son commencement.

L’argument de la fin des temps semble en premier lieu objectable pour beaucoup et a généré une large discussion à la fois en faveur et contre ses conclusions (par exemple Korb et Oliver 1998 ;Bostrom 1999 ;2002 ; Olum 2002 ; Bostrom et Cirkovic 2003 ; Monton 2003). Nous ne reprenons pas nécessairement à notre compte les conclusions fortes de l’argument de la fin des temps ici ; à la place, nous notons que la perspective de la fameuse fin des temps n’a pas besoin d’être corrélée à une catastrophe globale ou une menace existentielle. En général, toute transformation significative qui place les post-humains dans une classe de référence différente des humains aujourd’hui pourrait être qualifiée comme satisfaisant le critère de la fin des temps. Le concept de post-humain, ou de trans humain, peut référer à tout développement biologique ou technique dans le futur qui a pour conséquence des humains évoluant maintenant dans quelque chose de notablement différent (et probablement reproductivement incompatible avec) les humains d’aujourd’hui. Par exemple, nous n’incluons pas les animaux comme les chats ou les hiboux dans notre classe de référence opérationnelle car de tels organismes ont un ensemble limité de capacités cognitives pour les qualifier comme des observateurs avec le même terme que nous. De même, nous pouvons imaginer un développement technologique et biologique qui place les post-humains dans une nouvelle classe opérationnelle de référence. Un exemple de forme d’une telle transformation est la suggestion de Kurzweil (2005) et d’autres que les humains seront bientôt capables de transférer leur intelligence basée sur la biologie dans des cerveaux de robot qui vivent plus longtemps. Peut-être plus probablement, un glissement dans notre classe de référence opérationnelle sera dû à des changements génétiques long terme qui se produisent lorsque tout créature biologique évolue au cours du temps. Nous pouvons même envisager un point dans notre passé lorsque nos ancêtres pré-humains distants ne pouvaient pas être considérés comme faisant partie de notre classe de référence opérationnelle, ainsi que nous pouvons imaginer un seuil où les descendants post-humains distants ne seront plus aussi considérés comme faisant partie de notre classe de référence opérationnelle. Quelque part dans le futur, les humains seront profondément différents de nous aujourd’hui.

Haussler (2016) soulève la possibilité que notre situation improbable dans cette phase initiale de l’univers nous apporte la preuve que nous entrons dans une ère de « convergence interstellaire, » où des réseaux émergents de communication interstellaire entre les civilisations extraterrestres dans la galaxie croitront bientôt de façon si puissante qu’ils deviendront une caractéristique permanente des civilisations futures. Haussler (2016) affirme que nous sommes plus susceptibles de nous trouver cherchant l’existence de la vie extraterrestre si nous existons à une étape de l’histoire de l’univers où la communication interstellaire entre civilisations est en train de commencer. Par contre, si une telle convergence interstellaire ne se produit jamais, ou si elle se produit dans le futur lointain, alors nous pourrions nous attendre à nous trouver à une période plus typique de l’histoire de l’univers, beaucoup plus tard dans le futur (et probablement autour d’une étoile naine M).  Donc, Haussler (2016) affirme que le succès de SETI et l’établissement d’une période de convergence interstellaire projettera l’humanité dans notre prochain stade d’évolution- et, nécessairement, dans une classe de référence opérationnelle différente. Selon cette logique, nous nous trouvons autour d’une étoile naine G à une étape précoce de l’univers parce que ce sont la période et la place les plus probables pour attendre des observateurs dans notre classe de référence opérationnelle.

Bien qu’irrésistible en tant que motivation pour SETI, l’argument de Haussler (2016) ne peut distinguer entre les évènements qui transforment l’humanité positivement (comme le fait d’entrer dans une ère de convergence interstellaire) et les évènements qui transforment négativement l’humanité (comme à la lettre la fin des temps qui se termine avec l’extinction). Que la convergence interstellaire soit probable ou pas, il reste possible que la classe de référence opérationnelle des observateurs eux-mêmes soit une fonction du temps dans l’univers. Si les observateurs comme nous (c’est à dire, dans notre classe de référence opérationnelle) n’existe pas dans le futur, alors nous nous retrouvons avec les conclusions spatiales actuelles C1 et C2, qui suggèrent que notre position autour d’une étoile naine G est raisonnablement typique.

Que ce soit par une évolution biologique ou une amélioration technique, il semble inéluctable de conclure que les post-humains seront au moins aussi capables que nous cognitivement comme humains, et sinon probablement beaucoup plus. Nous ne pouvons alors pas exclure les post humains de notre classe de référence opérationnelle à la condition qu’ils ont des capacités cognitives inférieures aux humains. Au contraire, nous supposons aussi que les post-humains auront accès à une plus grande richesse informationnelle que celle disponible aujourd’hui, qui pourrait rendre obsolète quelques-uns de nos modes actuels de pensée. Par exemple, le scénario envisagé par Haussler (2016) suggère que la survenance d’une communication interstellaire répandu pourrait conduire à une transformation de notre classe opérationnelle de référence ; les observateurs nés dans un tel univers n’auraient pas besoin de se questionner à propos des relations avec les autres car une telle information serait connue. Une autre possibilité pourrait tourner autour de la perception temporelle d’un être conscient (Devito 2011). Les humains ont des durées de vie de 100 ans avec des activités quotidiennes de l’ordre des heures et des pensées qui occupent les secondes et les minutes. Les post-humains qui évoluent et opèrent à différentes échelles peuvent être dans différents modes de conscience de pensée que notre actuelle classe de référence opérationnelle. D’autres possibilités imaginatives et banales peuvent être explorées, mais le point demeure que notre classe de référence opérationnelle peut être d’une courte durée de vie même si les humains évoluent en des espèces post-humaines.

L’idée que la classe de référence opérationnelle des observateurs peut dépendre de l’échelle temporelle pertinente pour les espèces en question mérite une considération supplémentaire. Les étoiles naines de type G ont une luminosité plus grande durant la phase de la séquence principale. Peut-être que l’évolution de la vie sur les systèmes planétaires se développe sur une échelle de temps proportionnelle à la durée de vie de l’étoile elle-même, ainsi les naines de type M aujourd’hui ne devrait pas être propice au développement de toute forme de vie avancée jusque beaucoup plus tard dans le futur. Ceci suggère la possibilité que la classe de référence opérationnelle des observateurs dépend du type stellaire, peut-être comme un résultat de la vie se développant de préférer des échelles de temps différentes d’opération sur des naines G comparé aux naines M. Si cette façon de raisonner est tout à fait valable, alors nous pourrions nous attendre à ne pas trouver des signes d’observateurs conscients sur des planètes de naines M aujourd’hui, alors que les planètes de naine G et de naine précoce K fournissent de meilleures places à regarder. Cette ligne de raisonnement conduit à notre 5 ième conclusion :

Conclusion C5 : Si les observateurs dans notre classe de référence opérationnelle n’existent pas dans le futur, alors notre existence autour d’une étoile naine G actuellement doit être attendue.

 

Un paysage extraterrestre?

Un paysage extraterrestre?

Voilà, on voit que ce questionnement cosmique est intimement lié à notre connaissance des questions d’habitabilité et de la vie intelligente autour des étoiles naines de type M. Un point crucial pour nos questionnements et qu’une attention toute particulière doit être apportée aux atmosphères de ces étoiles. L’approche doit se faire à la fois par l’amélioration des outils d’observation notamment avec le déploiement de la génération de télescopes spatiaux dédiés à l’observation de ces étoiles comme par exemple :

mais aussi et surtout par l’établissement de modèles d’atmosphères qui doivent être multidimensionnels tout en incluant la question des magnétosphères et en resituant ces problématiques dans l’environnement d’influence de l’étoile mère, son héliosphère et les zones de contact avec les matériaux interstellaires (ISM). Je ne crois pas que cela soit fait aujourd’hui et quelle que soit les planètes, et ce raisonnement est valable aussi pour la Terre, il n’est pas possible de comprendre le fonctionnement de l’atmosphère/d’une planète en l’isolant de son milieu. L’approche doit être à la fois locale et globale et l’on ne peut que saluer dans ce cadre les travaux précurseurs concernant la Terre de Priscilla C.Frisch. L’astrobiologie et l’étude des exoplanètes doit effectivement élargir son champ d’étude si elle veut comprendre les évolutions de ces planètes et notamment resituer ces évolutions dans le temps long en incluant les questions des paléo atmosphères, paléo magnétosphères, paléo héliosphères, de l’environnement cosmique et de son évolution (rayonnement cosmique) et en identifiant les contributions de toutes ces « mécaniques » dans l’apparition de la vie intelligente sur une planète. Plutôt qu’une approche fragmentée, il s’agit d’envisager une approche globale de tous ces processus. Il y a encore du boulot…

1984: La guerre c'est la paix!

1984: La guerre c'est la paix!

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